COĂ›T DU LYCÉE – D’après le rapport de la Cour des comptes intitulĂ©Â « le coĂ»t du lycĂ©e », le coĂ»t moyen d’un lycĂ©en français serait bien supĂ©rieur Ă celui des autres pays de l’OCDE. Les sages de la rue Cambon expliquent les principaux facteurs de ce surcoĂ»t et formulent des recommandations Ă suivre en vue d’une amĂ©lioration significative du niveau d’efficience du lycĂ©e.
Lycée : un coût 38% plus élevé en France
10 102 euros, c’est le coĂ»t annuel d’un lycĂ©en français. Selon la Cour des comptes, il serait en moyenne 38% plus Ă©levĂ© que celui des autres pays de l’OCDE. Et l’Ă©cart se creuse encore plus avec certains pays comme l’Italie (+53%) ou encore le Royaume-Uni oĂą le coĂ»t n’est que de 5 017 euros. Seuls 2 pays en Europe ont une dĂ©pense supĂ©rieure, Ă savoir le Luxembourg et la Suisse mais la Cour des comptes indique aussi qu’il s’agit de « deux pays dont le PIB par habitant est très supĂ©rieur Ă celui de la France ».
DĂ©penses annuelles des Ă©tablissements d’enseignement par Ă©lève au lycĂ©e | |
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Allemagne | 9 291 |
Belgique | ND |
Canada | 8 971 |
Espagne | 7 798 |
Etats-Unis | 10 157 |
Finlande | 6 544 |
France | 10 102 |
Italie | 6 584 |
Luxembourg | 12 549 |
Pays-Bas | 9 406 |
Royaume-Uni | 5 017 |
Suède | 8 519 |
Suisse | 12 769 |
OCDE moyenne | 7 347 |
UE21 moyenne | 7 309 |
D’après les donnĂ©es de l’OCDE, 2011 |
Des rĂ©sultats qualifiĂ©s de « très moyens »
Selon la Cour des comptes, les rĂ©sultats obtenus ne sont pas plus effficaces en France qu’ils ne le sont dans les autres pays membres de l’OCDE : « au plan qualitatif les rĂ©sultats en France en termes de rĂ©ussite dans les Ă©tudes post-bac ou d’insertion sur le marchĂ© du travail des bacheliers professionnels ressortent comme très moyens. En revanche, il est nettement plus coĂ»teux, et mobilise des moyens financiers publics Ă©levĂ©s, par rapport aux autres cycles et degrĂ©s d’enseignement, y compris supĂ©rieur, alors que tel n’est pas le cas dans les pays comparables. »
Un temps d’instruction trop Ă©levĂ© : 1108 heures contre 964 heures pour les autres pays
La Cour relève que le temps ou volume d’instruction, c’est-Ă -dire le nombre d’heures d’enseignement reçues par les lycĂ©ens, est Ă©levĂ© par rapport aux standards internationaux. Elle indique aussi qu’il est « de surcroĂ®t concentrĂ© sur un faible nombre de semaines dans l’annĂ©e ». La Cour dĂ©nombre en 2012, 1108 heures par lycĂ©en francais, alors que la moyenne dans les pays membres de l’OCDE n’est que de 964 heures. C’est beaucoup plus par exemple qu’en Allemagne avec 933 heures , qu’au Royaume Uni avec 950 heures ou encore la Suède avec 741 heures.
Dispersion et foisonnement de l’offre de formation
De nombreuses options Ă très faibles effectifs. La Cour relève que certaines disciplines scolaires ont un coĂ»t supĂ©rieur aux matières du socle disciplinaire  : « les lycĂ©ens peuvent gĂ©nĂ©ralement choisir jusqu’à deux options, qui s’ajoutent Ă leur emploi du temps et reprĂ©sentent en moyenne trois heures de cours hebdomadaires. Or dans bien des cas, les options s’adressent Ă un très petit nombre d’élèves ». Au baccalaurĂ©at de 2013, 221 500 Ă©preuves d’options facultatives ont Ă©tĂ© organisĂ©es pour un nombre infime de candidats. Par exemple, en langues 13 candidats ont prĂ©sentĂ© l’option danois, six candidats l’option swahili et un seul candidat l’option estonien. Sur les 58 langues Ă©trangères ou rĂ©gionales qui peuvent ĂŞtre choisies, 20 l’ont Ă©tĂ© par moins de 50 Ă©lèves.
Une offre de formation complexe. Au lycĂ©e, l’offre de formation se complexifie et multiplie d’autant les coĂ»ts. La voie gĂ©nĂ©rale et technologique se subdivise en trois sĂ©ries pour les bac gĂ©nĂ©raux et en huit sĂ©ries pour les bacs technologiques. La voie professionnelle, quant Ă elle, multiplie les spĂ©cialitĂ©s.
La persistance d’un trop grand nombre de petits établissements
Peu d’homogĂ©nĂ©itĂ©Â dans la taille des structures. A la rentrĂ©e 2012, 54 % des Ă©tablissements scolarisaient moins de 500 Ă©lèves et 11 % des Ă©tablissements scolarisaient moins de 100 Ă©lèves, soit 1 % de la population lycĂ©enne. Il s’agit lĂ principalement d’établissements privĂ©s, et pour 60 % d’entre eux, d’établissements de la voie professionnelle.
Un optimum moyen atteint autour de 800 Ă©lèves. La Cour indique que les coĂ»ts d’enseignement et d’encadrement sont plus Ă©levĂ©s dans les petits lycĂ©es et qu’Ă partir d’un ratio les couts se stabilisent. Comme indiquĂ© sur le schĂ©ma, autour de 800 Ă©lèves un optimum moyen semble ĂŞtre atteint. pour les lycĂ©es gĂ©nĂ©raux et technologiques.
Les recommandations de la Cour des comptes
Face à cette situation, la Cour des comptes a formulé les deux orientations suivantes :
- simplifier l’architecture d’ensemble des voies générales et technologiques
- rendre plus efficiente la voie professionnelle.
Afin d’amĂ©liorer le niveau d’efficience du lycĂ©e, la Cour des comptes a Ă©mis 10 recommandations. Parmi celles-ci, trois recommandations doivent faciliter d’éventuels redĂ©ploiements au sein du système Ă©ducatif entre degrĂ©s et cycles de formation :
- ramener le temps d’instruction des lycéens au niveau observé dans les pays comparables, et mieux le répartir sur une année scolaire prolongée
- réduire la dispersion de l’offre de formation, notamment en matière d’options
- simplifier le format du baccalauréat.
Elle suggère aussi d’accroĂ®tre la performance d’ensemble du rĂ©seau des Ă©tablissements en dĂ©finissant des cibles de taille d’établissement optimale en mobilisant notamment les possibilitĂ©s offertes par les nouvelles technologies d’enseignement Ă distance.