La sĂ©rie historique, un subtil compromis entre un art modeste, la sĂ©rie tĂ©lĂ©, et un autre plus Ă©litiste, l’histoire. Une manière attractive de dĂ©couvrir ou de redĂ©couvrir l’histoire Ă travers la petite lucarne. Alors que cĂ´tĂ© anglo saxons les sĂ©ries tĂ©lĂ© historiques cartonnent, en France le genre peine Ă s’imposer.  [sociĂ©tĂ©]
Le succès des séries historiques aux Etats-Unis et en Angleterre
Outre Atlantique et outre-Manche, les sĂ©ries historiques rencontrent un franc succès. Des dizaines de sĂ©ries TV historiques, des budgets imposants et des audiences qui font rĂŞver. Un seul mot d’ordre : « du sexe et de la violence! ». Ce qui ne leur empĂŞchent pas pour autant de produire des rĂ©cits des plus sĂ©rieux. Pas forcĂ©ment des sĂ©ries 100% fidèles Ă l’histoire, mais toutes s’inscrivent dans une recherche d’authenticitĂ© et de rĂ©alisme. Par exemple, Band of Brothers, rĂ©alisĂ© par les deux lĂ©gendes du cinĂ©ma, Tom Hanks et Steven Spielberg, raconte avec un grand rĂ©alisme les aventures de la Easy Company dans l’aĂ©roportĂ© lors de la Seconde Guerre Mondiale. Rome, la sĂ©rie amĂ©ricano-britannico-italienne la plus chère de l’histoire lors de sa diffusion de 2005 Ă 2007, avec un budget de 100 millions de dollars pour les 12 Ă©pisodes la saison 1, et qui a remportĂ© sept Emmy Award, de part sa profonde authenticitĂ©, a Ă tout jamais changĂ© le regard des tĂ©lĂ©spectateurs sur les sĂ©ries historiques. Toujours en production  avec un public dĂ©sormais d’initiĂ©s, la sĂ©rie canado-irlandaise Vikings ( 40 millions de dollars pour la saison 1 ) , la sĂ©rie Reign ou encore Spartacus remportent un vif succès.
Rome, la série historique la plus chère au monde au moment de sa diffusion : 100 millions de dollars pour la première saison.
Le retard de la France
Seulement une poignĂ©e de sĂ©ries, des audiences moyennes, des budget deux fois moins importants qu’en Angleterre, et quatre fois moins qu’aux Etats Unis, la sĂ©rie historique « made in France » peine Ă s’imposer.  Par le passĂ©, quelques sĂ©ries historiques ont pourtant connu leurs heures de gloire. On peut penser Ă Thierry La Fronde ou encore aux Rois Maudits. Et si l’on s’attarde aux dix dernières annĂ©es, les sĂ©ries historiques se sont drastiquement rarĂ©fiĂ©es. Le service public, qui est l’un des rares Ă jouer le jeu en France, a quand mĂŞme proposĂ© des sĂ©ries issues de l’histoire vivante, c’est Ă dire de l’histoire rĂ©cente que certaines personnes peuvent encore, Ă l’heure actuelle, avoir vĂ©cu. Un Village Français (950 000 euros de budget par Ă©pisode) a rencontrĂ© un certain succès sur France 3. L’historien, Jean-Pierre AzĂ©ma, consultant pour cette sĂ©rie, a jouĂ© un rĂ´le indĂ©niable dans la rĂ©ussite de cette sĂ©rie. Mais outre cette sĂ©rie, c’est morne plaine  Les autres sĂ©ries issues de l’histoire ancienne, c’est Ă dire d’avant 1914, font difficilement de bonnes audiences. Inquisitio (10 millions d’euros pour les 8 episodes de la saison 1), sur France 2 n’a vraiment pas obtenu les rĂ©sultats escomptĂ©s. Le premier Ă©pisode a quand mĂŞme fait 4,3 millions de tĂ©lĂ©spectateurs mais au fil des Ă©pisodes les audiences se sont Ă©croulĂ©es. Le dernier Ă©pisode a seulement obtenu 2,4 millions de tĂ©lĂ©spectateurs. Un insuccès dĂ» probablement au genre hybride, Ă mi chemin entre l’historique et le fantastique. Gilles Martin-Chauffier, Ă©crivain et laurĂ©at du prix InteralliĂ© en 1998, a dit sur cette sĂ©rie dans Paris Match  : « Inquisitio ressemble au Moyen-Age comme un bac Ă sable rappelle le Sahara. Quand on songe Ă des sĂ©ries comme Les Tudors ou Rome, on tombe Ă la renverse. […] Chez nous, du dĂ©cor au contexte, tout est kitsch, jusqu’aux dialogues. […] Dire que l’on se prend pour l’Athènes du monde moderne, qu’on regarde de haut Los Angeles et qu’on invoque Ă tout bout de champ l’exception française et le service public. ». Peut-ĂŞtre auraient il dĂ» se caler sur la sĂ©rie fantastique amĂ©ricaine Game of Thrones, inspirĂ©e elle-mĂŞme de la sĂ©rie historique les Rois Maudits et inventer des noms et des univers de vie fictifs qui auraient permis de ne pas perdre le public.
MĂŞme si les amĂ©ricains les ont prĂ©cĂ©dĂ© de 6 mois avec The Borgias, seul Canal+, en 2011, avec l’excellente sĂ©rie franco-allemande Borgia, sort vraiment du lot. Du suspens, des intrigues Ă couper le souffle, une mise en scène rĂ©aliste, des dialogues biens construits, mĂŞme si elle n’est pas Ă 100% fidèle Ă l’histoire, le rĂ©alisme de cette sĂ©rie est vraiment saisissant.
Borgia, une des rares séries historiques françaises (franco-allemande) à tirer son épingle du jeu
Alors, pourquoi cette diffĂ©rence ? Tout d’abord, les anglais sont plus fiers et attachĂ©s Ă leur histoire que les Français. De plus, pour retracer les plus grandes heures et les plus grandes Ă©popĂ©es de leur histoire, le budget outre-Manche est quatre fois plus important qu’en France. Enfin et surtout, les anglo saxons s’attachent Ă respecter un certain rĂ©alisme et une profonde authenticitĂ©. Concrètement, les musiques sont toujours entraĂ®nantes et poignantes, les dialogues simples et percutants, les scĂ©narios ont une vraie intrigue, et mĂŞme si la sexualitĂ© et la violence sont souvent omniprĂ©sents, elles n’altèrent pas pour autant l’Histoire.