La rĂ©forme du code de travail vise la flexisĂ©curitĂ©, c’est Ă dire, plus de flexibilitĂ© mais aussi plus de sĂ©curitĂ©. Un tel concept a fait ses preuves depuis longtemps au Danemark mais pas encore en France. Un tel modèle Ă la danoise peut-il vraiment fonctionner en France?
Un dialogue omniprésent avec les syndicats
La culture du « forling » et du consensus
Culturellement, le « forling », qui signifie compromis en danois, semble ancré dans les mentalités.. Depuis l’accord historique de 1899 avec le compromis de septembre qui reconnaît les syndicats comme parties prenantes au marché du travail, le dialogue entre entrepreneurs et syndicats a toujours été très fort au Danemark. D’après le rapport 2003 de la Documentation française, le système danois de relations professionnelles se caractérise à la fois par un rôle central de la négociation collective dans l’élaboration des normes de travail et par des taux d’adhésion très élevés aux fédérations tant patronales que syndicales. Ces caractéristiques expliquent le fait que les pouvoirs publics n’interviennent pas dans le processus de négociation.
Pour autant, on fait aussi la grève au Danemark. Contrairement aux idées reçues, le Danemark a aussi recours à la grève. On comptabilise 118 jours ouvrables perdus par 1000 travailleurs, juste un peu moins qu’en France (123 jours ouvrables). Seuls des pays tels que l’Allemagne, ou le Pays-bas semblent y avoir rarement recours, respectivement 7 jours pour les allemands et 8 pour les néerlandais.
Un fort sentiment de confiance envers les syndicats
Presque 70% des Danois sont syndiqués contre 11% seulement en France (chiffres DARES de 2013). Un désintéressement qui serait, en partie dû, à des syndiqués encore trop ancrés dans la lutte des classes.
Au Danemark, le sentiment de confiance ne se limite pas Ă la relation syndicats, employeurs, il est aussi ancrĂ© dans les mentalitĂ©s. C’est aussi une façon de vivre et de penser. On se fait confiance et c’est naturel. Voici un exemple qui en dit long sur le sujet : pour les besoins d’une Ă©tude, une valise contenant de l’argent avait sciemment Ă©tĂ© abandonnĂ©e dans la rue, et ce dans plusieurs pays. RĂ©sultat ? A la fin de l’expĂ©rience, au Danemark, la valise retrouvĂ©e Ă©tait encore intacte et contenait l’intĂ©gralitĂ© de l’argent dĂ©posĂ©.
Une approche du travail différente
Le travail n’est pas vu comme une souffrance mais comme une source de plaisir
En France, il semble que le travail doive passer irrĂ©mĂ©diablement par une notion de souffrance. Le mot travail viendrait en effet du latin « tripalium » et serait un instrument de torture Ă trois pieux utilisĂ© par les Romains. VoilĂ qui en en dit long sur le sujet ! Une perception, qui est en voie de changer notamment avec la gĂ©nĂ©ration Y qui recherche particulièrement l’épanouissement dans leur travail mais qui ne semble pas Ă©vidente pour les employeurs, notamment chez les plus âgĂ©s. L’ «arbedjdsglaede» – le bien-ĂŞtre au travail, est important au Danemark . Le Danemark fait d’ailleurs partie des pays les plus heureux au travail et 45 % des salariĂ©s danois se dĂ©clarent hautement satisfaits de leur travail (classement Eurostat 2013 sur la satisfaction au travail dans les pays europĂ©ens). Leur bonheur reposerait sur les critères suivants :
►Un équilibre entre vie de famille et vie professionnelle : avec 33 heures de travail par semaine en moyenne, les danois arrivent à trouver un équilibre satisfaisant entre vie personnelle et professionnelle.
►La liberté de choix.
►La confiance et l’égalité
►L’autonomie dans le travail
►L’importance d’être heureux
Le télétravail développé depuis longtemps
Si au Danemark le tĂ©lĂ©travail est largement pratiquĂ©, en France ils seraient  seulement 12,4% Ă recourir au tĂ©lĂ©travail au moins huit heures par mois (chiffres de 2012).  Un taux encore assez faible qui pourrait s’expliquer, notamment, par la rĂ©ticence de nombreux managers intermĂ©diaires, Ă laisser de l’autonomie aux salariĂ©s.Â
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