A Nantes, un chef d’entreprise cède sa société à ses employés et renonce à ses dividendes. Une démarche, surprenante, empreinte d’humanisme.
A 56 ans, Éric Belile, aurait pu revendre sa société à la concurrence et profiter d’une belle retraite en bénéficiant de 4 millions d’euros de dividendes. Pourtant, ce dirigeant nantais a choisi de mettre de côté son intérêt personnel au profit de ses salariés.
Un chef d’entreprise humaniste…
A 56 ans, Eric Belile, actuel directeur de La Générale de bureautique, une société nantaise florissante spécialisée dans la commercialisation et la maintenance en bureautique, a décidé de céder son entreprise à 5 de ses salariés à un tarif préférentiel renonçant ainsi à de confortables dividendes.
« je préfère gagner moins d’argent et que l’entreprise reste aux gars».
Pour lui, revendre sa société à la concurrence aurait été synonyme de licenciements pour ses salariés, ce à quoi il était fermement opposé ; « il est impensable pour moi de pouvoir imaginer que des gens qui ont pu travailler avec moi pendant 25 ans puissent être licenciés » a-t-il mentionné au micro de RMC. Aussi cité dans Ouest France, il évoque sa volonté de protéger et de soutenir ses salariés : « je préfère gagner moins d’argent et que l’entreprise reste aux gars».
Il faut dire qu’Éric Belile n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche et c’est peut-être, penseront certains, finalement ce qui le rend si humain. Arrivé en France en 1962, à l’âge de deux ans, en tant que réfugié politique, Éric Belile a dû apprendre très tôt à faire face aux dures réalités de la vie. Cela lui a peut-être aussi forgé un caractère de battant. Après avoir été salarié dans une société d’impression, il a décidé de créer sa propre entreprise à l’âge de 29 ans en utilisant, à ses débuts, une simple cave en guise de local commercial, trop modeste pour pouvoir accueillir le moindre client. De fil en aiguilles, il a su développer et faire fructifier son activité. Aujourd’hui, La Générale de bureautique enregistre un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros avec une croissance de 25% pour les douze derniers mois. Une belle réussite !
… mais aussi un auteur émouvant
Éric Belile, n’est pas seulement chef d’entreprise, c’est aussi un écrivain talentueux. Son livre, intitulé Le petit Beur Nantais, paru en 2005, relate une tranche de vie de son enfance partagée entre culture algérienne et culture française. Et puis un jour, cette rencontre avec cette dame qui veut faire de lui un avocat ou un médecin. Un livre tendre et plein d’humour, qui lui a d’ailleurs valu en 2007 le grand prix de l’aventure humaine décerné par Guillaume Durand.
« Le petit Beur Nantais », Editions Les 2 Encres, 10 octobre 2005, Coll. Lignes de vie